TGV

L’extrême vitesse du TGV rend les paysages qu’il traverse difficilement lisibles. De même dans notre société où tout s’accélère, le temps court de l’immédiateté est privilégié au temps long de ce qui est à venir. Tout ceci déforme et tronque l’information comme nos prises de décisions. Trop occupés à déchiffrer ce qui est près de nous dans le flou du trop plein d’informations, nous ne nous projetons pas dans le futur. Pourtant lorsque nous regardons les paysages par la fenêtre du train, plus nous portons notre regard au loin plus ils prennent forme et deviennent signifiants.


Le bruit de la forêt

Cette série tente de donner forme aux passerelles entre le vu et l’entendu. Ainsi, le flou de l’image est non seulement la trace d’un mouvement mais aussi celui d’une vie qui bruisse et s’agite. Le bruit que l’on perçoit auditivement fait alors écho au bruit visuel de la photographie.


Coupe à blanc

Des coupes rases toujours plus nombreuses, détruisent les forêts de feuillus du massif du Morvan et la vie qu’elles abritent. Sacrifiées au profit immédiat, elles laissent la place à une monoculture délétère, celle de résineux, ravinant les collines et acidifiant les sols.

Le carré blanc désigne la violence des destructions en cours. Le carré rappelle les formes géométriques des parcelles du cadastre. Il ne s’intègre pas au paysage soulignant ainsi la brutalité de cet anéantissement.

Le trop plein de lumière du blanc, éblouissant, aveuglant et vide, est quant à lui le signe de notre cécité, de notre refus ou incapacité à voir la disparition de ce que nous avons toujours connu. Nous n’imaginons pas un monde sans forêt. Le « ça a été » dont témoigne la photographie prend ici tout son sens et s’oppose au « ce sera toujours » de notre aveuglement.


Miroirs noirs

"Le seul véritable voyage (...), ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d'eux voit, que chacun d'eux est..."

Marcel Proust


Fusion

 Les "fusions" sont des images de groupe répondant à la question :

Si nous n'étions qu'un, qui serions-nous ?

Les portraits ainsi réalisés réunissent jusqu'à une cinquantaine de personnes. Ils sont effectués lors de fêtes ou d'évènements comme par exemple des vernissages d'expositions. Le résultat obtenu apparaît aux participants comme un portait à la fois étrange et familier, un portrait où chacun cherche à se reconnaître.

 

"MAB a inventé, au sens archéologique de ce qui est enfoui, notre parenté commune.

 

Dans un dispositif alliant un espace contraint (un cadrage intangible), un temps répété (presque ad libitum) et des personnages juxtaposés (sans expression), elle s'approche de l'irreprésentabilité de l'âme humaine.

 

Cette fusion nous interroge sur l'extraordinaire de chacun nous tous. Qu'il en manque une ou un et le portrait est inachevé.

 

Ses sujets photographiés, littéralement écrits avec la lumière, nous racontent leur unicité dans la diversité, leur multiplicité dans l'union."                

 

Robert Marciano

             

 

Les images couleurs sont  tirées en impression directe sur aluminium en 5 exemplaires numérotés chacune.